[6] Aeglyn_le_sombre

Une personne s'avança, tranquillement, d'un pas mesuré et assuré. Sa courte démarche fut souple et fluide, malgré ses épaules plutôt larges et sa taille correcte.

Elle portait une lourde cape noir, qui dissimulait complètement ses formes et sa tête, mais laissait entrevoir la forme de deux fourreaux.

Arrivé près du feu, elle marqua une pause, le temps que sa cape arreta de bouger, puis d'une voix d'homme, ferme et légèrement grave, se présenta :

Bonjour à chacun de vous. Je suis Aeglyn, dit le sombre.

Les raisons qui m'ont menées jusqu'ici, je ne les dévoilerais pas tout de suite...
Je puis vous dire que ce qui m'ammène ici, c'est en partie l'odeur de l'or. Mais pas seulement.
Je manie l'épée avec parcimonie... entre autre. Les ombres, je les apprécient aussi, comme certains...
Et parler, je le puis, quand le coeur m'en dit...

Il enleva sa capuche, et jetta un regard circulaire. L'on pouvait voir le visage d'un homme aguerrit, des cheveux gris et longs attachés soigneusement.
Une balafre était visible sur sa joue droite. Ses yeux gris-argent laissaient entrevoir une détermination importante...

Vous me connaissez suffisamment pour l'instant, je pense. La suite viendra plus tard.
Travailler en équipe, je verrais ce que cela donne. Ca me changera.

Quand Haz le vit s'avancer, elle sentit tout de suite la lourdeur de la malédiction qui pesait sur cet homme. Tant de vertue... conduite à néant par un destin cruel! L'âme d'un chevalier, d'un paladin même, dans le corps taché de sang d'un brigand. L'âme déchue de celui qui aurait pu vivre dans la lumière la plus claire et qui aujourd'hui la rejoignait dans l'ombre.

Coeur solitaire, criminel par désespoir. Quelle étrange apparition! Je n'avait pas rencontré depuis longtemps d'âme aussi torturée entre ce qu'elle est et ce qu'elle aurait pu être. Ta nuit te serre à la gorge, le fardeau de tes crimes te pèse toujours, même si tu n'hésite plus à l'alourdir. L'or, dis-tu. Et autre chose. Un brigand qui n'a jamais oublié le code d'honneur qui aurait dû être le sien. Une chandelle éteinte, brûlée. Ce qui en ressort craint la flamme ardente. Amas de nuit sorti du plein jour. Maudit.

Quel drôle de façon de parler... serait-ce un de ces ménestrels combattant? Quoi qu'il en soit, deux bras de plus, c'est deux bras de plus! Si en plus chacun d'eux porte le glaive, c'est un bon point pour nous.

Elle détourna son attention rapidement, cet Aeglyn lui semblait trop peu enclin à ce qui la réjouissait pour être intéressant. En combat, lorsqu'il n'en aurait pas le choix, elle l'observerait afin de voir de quelle manière il tuait. Même si lui n'y prenait pas plaisir, il le ferait surement pour la survie.

Pour parler, on verra bien, peut-être auras-tu quelque chose d'intéressant à nous apprendre. Mais pour le moment, tu seras surement la coqueluche de notre replet employeur...

Aeglyn continua. Sa voix était fortement accuenté, laissant croire qu'il venait d'une région assez éloignée de l'est.

Ce que vous pensez de moi, cela m'importe peu, tant que vous ne dérangez pas.
Pourrions nous peut-être mesme profiter des avantages les uns des autres.
Mais de moi et mes biens rien vous ne tirerez, si c'est la force ou la fourberie que vous userez... à moins d'être fort habile.

Son regard se posa rapidement sur Syrillia, puis se dirigea sur Hazbeidja. Il resta quelques temps sans rien dire, dévisageant la jeune fille

La crainte de la grande faucheuse, je ne la connais point... une compagnie inattendu... mais que je ne quitterai plus.

Il s'en retourna à sa place en quelques (grands) pas, rapidement. Cette fois-ci, quelques bruits métalliques se firent entendre pour les plus proches, laissant penser que sa cape dissimulait quelque armure.